Ce qui se passe dans les salles reste dans les salles. Et sur ce blog.
Certaines professions ont un point de vue perçant et intimiste sur l'humanité. Les éditeurs des émissions de télé-réalité, les surveillants pénitentiaires, les psychanalystes et...les game masters (ou plutôt maître du jeu, car, chez Room Rush, nous défendons la francophonie). Ce sont les métiers dont on dit des praticiens : « Ah, ceux-là, ils doivent en voir des vertes et des pas mûres ! » (on n'est pas obligé de le dire comme ça si on a moins de 120 ans, mais vous voyez l'idée).
À cela je réponds : j'aimerais bien. J'aimerais bien voir des choses loufoques, coquines, abracadabrantesques lors de mes sessions. Mais non.
J'ai personnellement suivi environ 4000 sessions d'escape game, dans une dizaine de salles différentes, et je n'ai en tout que trois anecdotes, vaguement croustillantes :
Un gars ne pouvait plus contenir sa vessie et ne voulait pas presser le bouton d'urgence, de peur de faire perdre son équipe. Il a donc pris un seau présent dans le décors de la salle, et a fait pipi dedans. À sa décharge, il l'a nettoyé après.
Un autre gars m'a poursuivit jusque dans la régie pour m'attraper à la fin du jeu, car nos scénarios sont vraiment, vraiment très immersifs. Ou bien il était juste con, je ne sais pas. En tout cas j'ai eu peur.
Encore un autre gars (toujours des mecs, hein, #killallmen) a aussi cru que le jeu n'était pas terminé quand je suis entré, et a voulu se faufiler dans des endroits interdits au public. Je lui ai barré la route de mon corps mais il n'en démordait pas, et nous nous sommes quasiment battus. On a fini par se jeter sur une banquette avant d'arrêter, et craque-boom la banquette.
Tout cela n'est pas bien spectaculaire. Vous me direz, j'ai peut-être eu de la chance. Des collègues m'ont raconté des choses pires, surtout dans des salles d'horreur, et il y a bien sûr ce célèbre thread.
Il n'empêche que, bon an mal an, les gens sont plutôt sages. Des « Top 10 des choses les plus folles dans un escape game », plus ou moins distants de la réalité, vous feront croire que les passions les plus vils sont désinhibées par le stress et que la bêtise culmine là où elle devrait s'abymer, mais c'est surtout pour avoir quelque chose à vous raconter. En vrai les sessions sont assez banales, et c'est mieux comme ça, à la fois pour la santé des salles et des Maîtres du jeu !
Je pense qu'il y a toutefois une tendance haussière à cause de la multiplication des salles d'horreur. En effet, quand quelqu'un est sur les nerfs et que vous lui sussurez des insultes à l'oreille derrière un rideau, un coup peut partir. Les choses les plus violentes qu'on vous racontera auront eu lieu majoritairement dans des salles qui font peur. Mais après tout, les Maîtres du Jeu sont des soldats. Ils connaissaient les risques, d'autant plus que ce sont eux qui nous effraient ! N'étant pas corporatiste, j'espère que les plus sadiques prennent le plus cher, et surtout j'espère que ce sont ceux qui s'en plaignent le moins ! Le ciel se rit, etc....vous connaissez la chanson.
Pour résumer, ne devenez pas Maître du Jeu si vous aimez l'action.